Aymeric Becq est doctorant au sein de l’équipe AGATHE de l’ISIR et Praticien Hospitalier Universitaire au sein du service de gastro-entérologie (Pr. Sobhani) de l’Hôpital Henri Mondor (APHP). Ses recherches portent actuellement sur le geste thérapeutique réalisé au niveau des voies biliaires, travaux adaptés au domaine de l’endoscopie.
En quoi consiste tes activités de recherche ?
Ma recherche est d’une part clinique. Des projets multicentriques, en collaboration avec d’autres équipes, sont actuellement en cours sous ma responsabilité. Par exemple, une étude prospective nationale sur la prise en charge des fistules post-opératoires précoces après chirurgie carcinologique du tube digestif haut.
Il y également une étude rétrospective sur l’utilisation d’une poudre hémostatique, capable d’arrêter les saignements, qui est en cours dans le cadre de la grande garde d’endoscopie digestive à Paris. Cette activité de recherche est, d’autre part, portée sur mon projet de thèse. Ce projet a été conçu avec le Docteur Camus, ainsi que le Professeur Szewczyk de l’ISIR, qui est mon directeur de thèse. Ce travail se veut adapté au domaine de l’endoscopie. Il porte sur la cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE), un geste thérapeutique réalisé au niveau des voies biliaires, c’est-à-dire les canaux qui drainent le foie. On cherche ici à améliorer le geste, via différents axes de recherche, notamment via le développement de fils-guides « intelligents » et par le monitoring dans voies biliaires et le tracking des instruments endoscopiques au sein de ces voies biliaires. Ce projet passionnant est réalisé en collaboration avec des ingénieurs en robotique. Cette collaboration sera amenée à se poursuivre sur le long terme, avec pour ambition d’implémentation en clinique.
Tu as justement reçu le prix AESIO, en 2021, pour tes travaux portant sur Comment mieux exploiter la cholangiopancréatographie rétrograde par voie endoscopique (CPRE). Peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ?
La cholangiopancréatographie rétrograde par voie endoscopique (CPRE) est un geste d’endoscopie digestive qui permet d’effectuer un traitement au sein des voies biliaires et pancréatiques (calculs, cancers). Plusieurs défis peuvent avoir un impact significatif sur le déroulement et le succès d’une CPRE, à savoir la canulation biliaire, c’est-à-dire l’obtention de l’accès à la voie biliaire ou pancréatique, l’interprétation de l’anatomie des voies bilio-pancréatiques, et la manipulation des outils au sein de ces dernières. L’objectif de ce travail de recherche est de perfectionner la technique, afin d’améliorer l’efficacité de la CPRE.
Explique-nous comment un médecin peut-il faire de la robotique ?
La robotique appliquée à la médecine nécessite une rencontre entre deux mondes. C’est d’une certaine manière la beauté d’un projet de recherche transversal et multidisciplinaire. Un·e médecin et un·e ingénieur·e/chercheur·euse en robotique peuvent ainsi communiquer pour se comprendre l’un·e avec l’autre et tenter de résoudre une problématique de recherche. Cela permet à un·e chercheur·euse en robotique de toucher à de la médecine et vice versa, à un·e médecin de toucher à de la robotique. Pour le projet que nous menons, les médecins doivent comprendre la robotique et les chercheurs·euses doivent comprendre les gestes d’endoscopie réalisés aux malades. L’un ne peut avancer sans l’autre.
Pourquoi as-tu souhaité allier la recherche et la médecine ?
La recherche et la médecine sont indissociables. L’idée d’une carrière Universitaire alliant clinique et recherche m’a rapidement intéressé. Lors de mon Master 2 en Sciences, j’ai pu confirmer mon intérêt pour la recherche. Cette partie de mon activité est complémentaire à la prise en charge clinique des malades. Etre au quotidien auprès des malades permet de faire germer en soit des idées, des hypothèses avec pour objectif de mieux traiter ces malades : sécurité du geste, réussite du geste, pronostique, etc. J’ai donc choisi ce cursus qui me permet de tenter de faire progresser mon domaine d’expertise médical à la faveur de cette activité de recherche passionnante.
La cholangiopancréatographie rétrograde par voie endoscopique (CPRE) est une procédure endoscopique interventionnelle mini-invasive, de plus en plus pratiquée, au détriment de la chirurgie. Elle se réalise au moyen d’un endoscope à vision latérale appelé duodénoscope. Elle revêt un rôle thérapeutique, avec pour objectif de réaliser un traitement au sein des voies biliaires, ou pancréatiques. Au sein des voies biliaires, les deux principaux types de pathologies sont la maladie lithiasique (calculs enclavés dans les voies biliaires) et les tumeurs bilio-pancréatiques (cholangiocarcinome, adénocarcinome de la tête du pancréas).
L’objectif du travail de recherche est de fournir des outils plus performants à l’endoscopiste afin d’améliorer la prise en charge de patients de plus en plus nombreux et avec des pathologies sévères bénignes et malignes.
Aujourd’hui, une cartographie précise de l’arbre biliaire est techniquement faisable. L’approche d’utiliser des imageries en coupe réalisées préalablement (scanner, IRM) semble la plus logique. La difficulté réside plutôt dans l’utilisation pratique qui est faite de cette cartographie, utilisable en temps réel et superposable ou en remplacement de la radiographie 2D utilisée actuellement. Par ailleurs, s’il existe aujourd’hui des instruments qui peuvent être dirigés, et qui peuvent être tracés, il existe donc plusieurs axes d’amélioration, qui constitueront également des objectifs dans ce travail scientifique transversal. Il n’existe pas à ce jour, à notre connaissance, de travail s’étant penché sur cette problématique. L’enjeu de l’exposition à une radiation ionisante est dans ce contexte à prendre en compte également. Le premier objectif de ce travail sera le tracking et le monitoring des instruments de CPRE, avec précision, au sein de modèles d’arbre biliaire, obtenus grâce au développement d’un outil d’intelligence artificielle. Le second sera de créer un fil guide maniable avec précision, grâce aux avancées de la robotique moderne appliquée à la médecine.
Contact : Aymeric Becq, doctorant au sein de l’ISIR